Dr Isabelle de Han, médecin vétérinaire
Vivre en harmonie avec un animal domestique, c’est aussi s’assurer de ne pas mettre en danger la santé des membres de la famille. Mythes et réalités.
Le chat de la maison dort avec vous ou avec les enfants ? Le chien débarbouille soigneusement votre plus jeune après les repas ? Devriez-vous vous inquiéter ?
Les maladies transmissibles de l’animal à l’humain s’appellent des zoonoses, et même si elles sont souvent victimes de nombreux mythes non fondés, elles existent. Voici un petit survol des questions les plus fréquentes, mais aussi de celles qui ne sont pas assez souvent posées.
En commençant par les parasites. Devriez-vous traiter votre animal lorsque votre enfant rapporte des poux de l’école ? Non, les poux sont spécifiques d’espèce, et en aucune circonstance n’accepteront d’aller vivre ailleurs que sur la tête des humains. La galle, elle, est moins difficile et ne lèvera le nez sur aucun mammifère. Lorsqu’elle provient de l’animal de la maison, son traitement est très facile, mais elle provient souvent chez les humains d’endroits publics, et s’en débarrasser n’est alors pas si aisé. Et les petits vers blancs des jeunes enfants trouvent leur origine des fruits mal lavés, pas des sorties nocturnes de minou en lieux mal famés. Bien qu’il soit vrai que certains vers provenant des animaux puissent causer des infections sérieuses chez les jeunes enfants, les cas rapportés trouvent toujours leur source chez les animaux de la faune, comme le raton laveur qui peut laisser des selles dans le carré de sable du parc où vos enfants jouent, et représenter alors un risque réel d’infection.
Et la toxoplasmose ? Cette maladie est la plus grande source d’histoires à faire peur aux futures mamans. Tous les mammifères peuvent attraper la toxoplasmose, mais seul le félin peut la transmettre par ses selles. Pour que le chat représente un risque pour la femme enceinte, il faut réunir plusieurs conditions. A commencer par le fait que la femme n’ai jamais eu la toxoplasmose avant d’être enceinte, puis que minou ne l’ai jamais eue non plus, puis que minou mange une souris infectée, puis que les selles de minou restent plus de 72 heures dans les bonnes conditions de température et d’humidité avant d’être ramassées par la future maman sans précautions d’hygiène de base. Non, les risquent réels proviennent du jardinage, alors que la terre peut être contaminée par des selles de chats, ou de la consommation de viande trop peu cuite, pas de minou. Mais si vous habitez au vingtième étage d’un immeuble, vous pouvez arrêter de regarder votre chat d’un sale œil chaque fois qu’il va au petit coin…
Que dire des maladies infectieuses ? La plus dangereuse est la plus souvent oubliée. Beaucoup de mes clients sont surpris de savoir qu’elle existe encore, que des humains en meurent encore, même au Québec. La rage. Elle est à moins de 100 km des ponts de Montréal, et nous avons à l’île tous les vecteurs de cette maladie : le raton laveur, le renard, la chauve-souris. Et même si elle n’est pas encore arrivée en métropole, il ne faut pas oublier que lorsque vous allez au chalet avec votre animal, vous l’exposez à un risque réel, et par là même vous exposez tous les membres de votre famille.
Une autre maladie infectieuse zoonotique fait de plus en plus parler d’elle : la leptospirose. Grave et potentiellement mortelle, elle est causée par une bactérie qui se retrouve dans les accumulations d’eau. Elle est véhiculée par l’urine et les sécrétions d’un animal porteur comme la moufette, le raton laveur, le renard ou le chevreuil. Il suffit pour vous de manger une baie sauvage sans la laver, ou que votre chien ne boive dans la mauvaise flaque d’eau… Il deviendra alors lui-même une source d’infection potentielle au sein même de la maison.
Alors que faire ? Paniquer ? On peut enfermer minou dans la maison. On peut se débarrasser du chien…ou du chalet. On peut interdire aux enfants de toucher à leur toutou préféré. On peut apprendre à Fido les bonnes manières pour qu’il ne boive que dans son bol d’eau. Mais on peut aussi comprendre que le contrôle des risques passe par une bonne connaissance de ceux-ci, et que soumettre votre compagnon à quatre pattes à un programme antiparasitaire et vaccinal adapté à vos habitudes de vie va permettre à toute la famille de cohabiter en harmonie et sans danger. Et les mamans seront soulagées de savoir qu’elles pourront dorénavant… s’inquiéter d’autre chose !